17/08/2010
Départ ce matin de Coatzacoalcos (de mieux en mieux, l’appareil d’air conditionné avait une fuite de gaz, j’ai vu le moment où la chambre explosait), après un solide petit déjeuner (huevos a la
mexicana, bien piquants, ça réveille !). Direction Villahermosa. Comme le dit « Le Routard », le « hermosa » n’est pas spécialement bien choisi. Arrivée, 12h30 au Parc La
Venta. Papoté avec un guide sympa qui nous a refilés plein de bons tuyaux pour la suite, comme ça, gratos, parce qu’on « parlait bien la langue ». Du coup, petit changement de
programme : Campeche, ce sera pour une autre fois. Le type assure qu’il faut absolument aller voir Palenque mais surtout les Indiens Lacandons (il n’en reste que 500). Avant cela, visite du
parc La Venta à pied. Les énormes têtes Olmèques sont époustouflantes.
Elles ont été déplacées jusqu’ici, pour être disposées dans une vraie jungle, en plein cœur de la ville. C’est assez surprenant. Quitter le béton, et se retrouver là-dedans, avec les cris
d’oiseaux exotiques, et ces « statues » magiques. En fait, les statues étaient situées à l’origine sur des terres pétrolifères, certaines pesaient quelque 13 tonnes, et pour les
préserver, elles ont toutes été déplacées ici. Bonne et louable initiative de sauvegarde pré-hispanique, pour une fois (les Mexicains étant, à mon sens, les champions de l’auto-dénigrement
culturel, merci les Espagnols (Gachupines !), merci Cortès !). D'ailleurs, un autre détail "local" : la sauce Tabasco vient d'ici, de Villahermosa, la vraie. Mais les Américains sont
passés par là, ont piqué la recette, et l'ont renommée Tabasco. Encore un vol manifeste. Dis, Traven, pourquoi tu tousses ?
C’est là, au milieu de cette jungle urbaine que je découvre mon premier coatis (en mexicain, on les appelle soit « coatil » soit « tajon »).
Bien entendu, je ne résiste pas au plaisir de leur filer mes « nachos » et ils sont bientôt une bonne dizaine à tendre leurs petites pattes griffues pour me subtiliser le paquet. On
dirait vraiment qu’ils ont des mains. Ensuite, après deux bonnes heures de visite (je conseille fortement de penser à se badigeonner de produit anti-moustiques, parce qu’ils sont
déchaînés !), reprise de la route, direction Palenque, à 135 kms.
Soir – Palenque
Je suis crevée, je me sens sale. J’impose un « temazcal » (bain de vapeur, cérémonial de purification) pour se remettre de tous ces kilomètres. La fille qui officie est habillée en
tenue traditionnelle et psalmodie un truc en Maya. Elle m’a demandé mon prénom et s’est mise à réciter son texte en même temps qu’elle passait un encensoir autour de moi, rempli de copal. C’est
assez beau et émouvant, parce qu’elle enduit la peau de boue (barro), en débitant son texte aux belles inflexions, dehors en pleine nature. Puis hop dans le temazcal, un vrai, où il faut faire
attention de ne pas se cogner la tête en entrant et orné d’une immense tête maya à l’entrée (celui où je vais à Huatulco est beaucoup plus moche, genre cabine de sauna, mais en fait je suis fan
du temazcal, où qu’il soit, donc peu importe). J’avais dans la main un bouquet d’herbes, avec lesquelles il fallait répartir la vapeur dans le temazcal. Je devais aussi verser du thé de plantes
sur la roche volcanique pour dégager la chaleur. Au milieu, un petit bassin d’eau froide au cas où la chaleur serait vraiment trop insoutenable. Mijoter pendant vingt-cinq bonnes minutes. Sortir
et boire une infusion d’herbes sacrées. Douche froide toujours dehors. Puis une heure de massage où je me suis endormie. Le truc, c’est qu’à aucun moment, je n’ai vu la masseuse. Allongée sur le
ventre, musique indienne en fond, et un massage très énergique de la tête aux pieds. En sortant, j’étais la zenitude incarnée (comme l’ongle, oui bon j’arrête !) Prête pour demain affronter
le site archéologique de Palenque et sa multitude de marches. Mon genou en proteste à l’avance.
18/08 – Palenque
La nuit aura eu raison de ma zenitude. Un hôtel aux murs fins comme du papier de cigarettes. D’un côté des Mexicains braillards, de l’autre des Français ENCORE PLUS braillards. Et deux énormes
cucarachas dans la salle de bains. Sans parler du café (non compris dans le forfait petit déjeuner, il fallait le faire !), facturé 27 pesos pour un ridicule fond de tasse. Là, c’est le
Mexique attrape-couillons que je n’aime pas, mais alors pas du tout. Comme l'aurait dit le grand dramaturge Georges Marchais : on fait les valises... et on se casse (non pas à Paris) mais illico.
Non mais !
Direction le site archéologique. Ok, c’est beau. Mais bon… Très mauvaise idée d’y aller en août ! Les Français sont partout ! Or, mon expérience m’a appris qu’il y a deux styles de
Français en vacances au Mexique (les cons et les très cons ? oupsss) : les sacs à dos, baroudeurs, petits couples où madame baragouine deux mots d’un mauvais espagnol, Routard en
main ; et les groupes ! Autrement dit : l’horreur absolue. Le Français en collectif est malpoli, arrogant, bruyant, stupide (il ne prend JAMAIS la peine de se renseigner avant sur
le site qu’il va visiter, ce qui lui fait dire des âneries plus grosses que lui). Donc là, en plein milieu de magnifique site archéologique chargé d’histoire, on entend ceci :
« HEYYYYYYYYYYY, attends-moiiiiiiiii », ou les commentaires du genre : « Les Aztèques étaient vraiment un grand peuple » (vrai, mais on est chez les
Mayas, là, coco ! ») et encore mieux, une jeune fille, vautrée sur l’herbe en train de bronzer au lieu de visiter et qui hurle : « Je me casse, fait vraiment trop chaud,
merde ! ».
Tu as raison, chérie, moi aussi je me casse. Pas assez « discret » et sauvage à mon humble goût. Direction Bonampak, et les Lacandons. De l’authenticité, pitié !
Encore 135 kilomètres. Cette fois pas le moindre touriste en vue, sinon les camions « Chamboa » des Lacandons qui font la navette avec Palenque. Villages chiapanèques très pauvres, avec
des gamins qui essaient d’arrêter les voitures aux « topes » (gendarmes couchés à l’entrée et sortie des zones habitées) pour vendre des fruits. Les affiches du mouvement zapatiste EZLN
préviennent que nous sommes dans la zone rebelle.
Enfin San Javier et le territoire Lacandon. Prendre direction Bonampak. Il est trop tard pour aller en pirogue à Yaxchilán (j’adore prononcer ce mot, dire "ya-ha-chi-laaaan", toute la
sonorité de la langue lacandone m’y semble contenue).
Suite au prochain épisode avec le clou de ce voyage : un grand moment en compagnie des Lacandons, avant le retour...